Notions-clés du thème

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Gouvernance mondiale : la gouvernance, néologisme issu de l'anglais governance, désigne les modalités de gouvernement d'un espace ou d'un groupe d'acteurs. La notion de gouvernance mondiale renvoie à un ensemble de tentatives, encore inabouties, de construire une forme de gouvernement mondial supranational, via des institutions internationales telles l'ONU, l'OMC, les COP. L'idée d'une gouvernance mondiale s'enracine à la fois dans l'idée de sécurité collective à l'origine de la création de l'ONU et, plus récemment, dans la prise de conscience de l'existence de problème globaux aux solutions nécessairement collectives comme le réchauffement climatique. Au sein de ces organisations internationales se pose la question du statut et du rôle des États : ces derniers doivent-ils renoncer à une partie de leur souveraineté au profit de ces institutions supranationales ? Doivent-ils au contraire conserver toute leur souveraineté et utiliser les institutions comme des forums ou des espaces d'échanges permanents fluidifiant les relations internationales ? Le débat reste vif entre les partisans de la création d'un fédéralisme et ceux d'un simple unionisme mondial.

Unilatéralisme / multilatéralisme : ces termes désignent deux approches opposées des relations internationales. La doctrine multilatéraliste invite à la négociation de toutes les parties présentes et à trouver des compromis entre les différents acteurs, avant de prendre une décision nécessairement conjointe. La position unilatéraliste conduit à décider sans tenir compte du point de vue des institutions internationales et des autres parties prenantes. Sur le plan environnemental, les COP et les accords de Paris constituent des exemples d'actions multilatérales. La sortie des États-Unis du protocole, lors du premier mandat de Donald Trump, constitue, elle, un exemple d'action unilatérale. Sur le plan des modalités diplomatiques, les actions multilatérales privilégient les sommets collectifs et les institutions, la négociation et la concertation, quand la perspective unilatéraliste fait un usage immodéré du rapport de force, des relations directes de pays à pays voire de la diplomatie secrète.

Fédéralisme / Unionisme : ces deux termes désignent deux horizons opposés de la construction européenne. Les partisans du fédéralisme, à l'image de Victor Hugo, souhaitent l'avènement des États-Unis d'Europe, une sorte d'État fédéral réunissant les anciens États européens. Ces derniers renonceraient à une partie de leur souveraineté, déléguée à l'État fédéral, dont les décisions s'imposeraient aux différents États membres, de la même manière que les choix de Washington et de Berlin pour les territoires américain et allemand. Les unionistes, eux, considèrent que la construction européenne doit être un système de simple coopération intergouvernementale entre les pays, sans abandon de la souveraineté (une Europe des patries), outil de puissance économique ou géopolitique.
Depuis sa création, la construction européenne oscille entre ces deux pôles : la CECA de 1953 ou le marché commun sont plutôt d'inspiration unioniste, mais la création de l'euro, géré par une banque centrale indépendante des gouvernements nationaux, ou les velléités actuelles de création d'une armée européenne sont clairement fédéralistes. Il en va de même des institutions : le Parlement européen est fédéraliste, mais les conseils, européen ou de l'Union européenne, qui réunissent les gouvernements nationaux, sont unionistes. Les poids respectifs des différentes institutions témoignent plutôt d'un ascendant des sensibilités unionistes en Europe.

Décentralisation / déconcentration : souvent confondues et parfois inspirées d'idées proches, la décentralisation et la déconcentration doivent être distinguées. La déconcentration désigne le déplacement de services de l'État hors de Paris, dans d'autres régions françaises, tel le déménagement de l'École nationale d'administration à Strasbourg ou du Centre national de la documentation pédagogique dans le Poitou. L'idée est d'alléger Paris et de dynamiser les régions en insufflant de l'activité, mais l'État central reste le décideur.
La décentralisation, elle, désigne le transfert de compétences de l'État vers les collectivités territoriales : dans un certain nombre de domaines, comme les transports régionaux, l'État abandonne sa capacité de décision, qu'il octroie à différentes collectivités territoriales (commune, département, région), dotées d'un budget.
L'État français a déconcentré et décentralisé depuis les années 1980, mais reste très centralisé, avec une activité politique, administrative et économique encore très polarisée par la capitale.

Guerre : la guerre désigne un conflit armé entre plusieurs entités ou groupes sociopolitiques. Leurs causes peuvent être territoriales, juridiques ou idéologiques. On distingue plusieurs types de guerres. Les guerres traditionnelles opposent des pays les uns aux autres, mettant aux prises leurs armées régulières, constituées de mercenaires ou de conscrits. Les guerres civiles opposent, au sein d'un pays, plusieurs groupes, qui tentent en général de s'imposer les uns sur les autres. On parle de guerres asymétriques quand des groupes de partisans, suivant une tactique de guérilla, résistent à l'avance d'une armée régulière. La cyberguerre désigne la guerre dans le cyberespace. En détruisant la logistique, elle affaiblit l'adversaire et peut provoquer des morts et des blessés (réseaux d'eau ou d'électricité, hôpitaux...). La guerre hybride renvoie à l'usage conjoint des armes traditionnelles et cyber. La limite entre la guerre et la paix est moins évidente qu'elle n'y paraît et tous les conflits ne dégénèrent pas en guerre : la diplomatie permet de prévenir ou de résoudre les guerres par la construction de la paix et certaines pratiques de guerre, comme la désinformation et l'espionnage, se pratiquent aussi en temps de paix.

Islamisme(s) : à partir des années 1980, le mot « islamisme » désigne les mouvements se réclamant d’un islam politique dans le monde arabo-musulman. S’ils partagent la même ambition d’imposer le droit issu de la tradition coranique (la Charia) à l’État et à la société, il existe une grande diversité de courants islamistes.

  • Les Frères musulmans. Cet islam, fondé en Égypte par Hassan el-Benna en 1928, revendique un retour aux racines musulmanes contre les valeurs occidentales apportées par la colonisation. Après les indépendances, les partis « fréristes » représentent une force d’opposition aux régimes laïques et militaires. Cet islam politique inspire la révolution islamique iranienne de 1979, dont l’influence marque un tournant dans l’affirmation des idéologies islamistes dans l’ensemble du monde musulman.
  • Le courant wahhabite, né en Arabie au XVIIᵉ siècle, est la religion d’État en Arabie saoudite et dans autres émirats du Golfe persique. Il prône un islam sunnite rigoriste et conservateur. Il est originaire des riches monarchies pétrolières et son influence est grandissante dans sa version internationale : le salafisme.
  • Les mouvements djihadistes pratiquent la lutte armée par des actions terroristes. Des organisations comme le Hezbollah libanais ou le Hamas palestinien agissent dans un cadre national pour conquérir le pouvoir. Un djihadisme mondialisé se structure dans les années 1990, avec notamment le réseau Al-Qaïda, créé par le Saoudien Oussama ben Laden.

Terrorisme : il consiste en un usage systématique de la violence à des fins politiques. S'il existe un terrorisme d'État, lorsqu'un gouvernement cherche à éliminer toute forme d'opposition (la Terreur sous la Révolution française, la terreur stalinienne dans l'URSS des années 1930), c'est principalement sous la forme de mouvements politiques minoritaires pratiquant la lutte armée que le terrorisme s'affirme à partir du XIXe siècle (mouvements anarchistes en France entre 1892 et 1894). L'objectif est de déstabiliser l'ordre établi par des actions violentes comme les attentats ou les prises d'otage. Pendant la décolonisation, il est pratiqué par les mouvements de libération nationale (le FLN en Algérie) dans le cadre d'une lutte « asymétrique » contre les armées des puissances coloniales. Depuis la fin de la guerre froide, le terrorisme apparaît comme une nouvelle forme de conflictualité promue par des mouvements politiques ou religieux radicaux contestant principalement la prédominance de l'Occident (attentats du 11 septembre 2001). Ils cherchent à exploiter les failles et les faiblesses des États démocratiques en terrorisant les populations civiles (attentats de Paris en 2015) et en poussant les gouvernements à des politiques sécuritaires de plus en plus dures (Patriot Act aux États-Unis en 2001). Face à une menace terroriste devenue globale et multiforme (cyberterrorisme), le défi des démocraties est de protéger les citoyens sans renier leurs valeurs fondamentales (libertés, État de droit).

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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